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Entretenez votre bateau grâce aux peintures antisalissures

La peinture antisalissures aussi appelée antifouling, est une peinture qui permet de protéger votre bateau des salissures. Polluante et couteuse (sortie de l’eau, travaux de peinture annuels), les plaisanciers aimeraient bien abandonner cette solution. Mais quelles sont les possibilités de remplacement ?

Le carénage, un entretien indispensable

Sous l’eau, la coque du bateau se couvre rapidement d’un film bactérien, d’algues, de coquillages,… (jusqu’à 150kg par m²). Le navire ainsi alourdi et freiné devient moins facile à manœuvrer et engendre une surconsommation de carburant (jusqu’à 50%). Ce phénomène s’accélère lorsque le bateau ne navigue pas. À terme, la coque se détériore.

Pour la préserver de cette colonisation, la peinture antisalissure est le remède le plus utilisé. Cependant, elle contient des biocides, des produits qui détruisent les êtres vivants. Ils sont diffusés lentement dans l’eau et empêchent la fixation des organismes aquatiques.

Au port, les carénages s’effectuent sur les zones techniques aménagées pour la récupération et le traitement des eaux de ruissellement. Les déchets toxiques (résidus de ponçage, pinceaux, pots vides, chiffons…) doivent être ramenés au Point propre du port pour traitement. Les périodes de vent sont à éviter, à défaut, il faut installer une bâche autour du bateau.

Les impacts de l’antifouling

Chaque année, plusieurs milliers de tonnes de ces revêtements antisalissure sont appliqués sur les bateaux. Les biocides utilisés sont à base d’oxyde de cuivre et de dérivés de pesticides agricoles.

Ces substances toxiques sont peu dégradées et des résidus peuvent s’accumuler dans les sédiments ou chez certains organismes marins. Même à faible concentration, les biocides ont un effet néfaste sur le phytoplancton, organismes végétaux à la base de la chaîne alimentaire. Cet effet se répercute sur les organismes filtreurs (huîtres, moules…) et les prédateurs supérieurs (poissons, mammifères marins…). Sur l’homme, les effets directs sont des irritations et des troubles gastriques. À forte dose, les biocides peuvent être sources de cancers.

Bon à savoir 

La législation évolue. L’entrée en vigueur au 1er janvier 2018 de la nouvelle réglementation européenne sur les biocides impacte directement la fabrication des peintures antisalissures. Seuls 10 produits biocides dont l’écotoxicité est évaluée sont autorisés, dans le but de garantir un rapport bénéfice / risque optimum pour la protection de la santé humaine et de l’environnement. De plus, la réglementation admet désormais deux niveaux de toxicité différents pour les applicateurs professionnels et particuliers.

Retrouvez l’inventaire des produits biocides présents sur le marché français.

Le traitement des déchets

L’Union des Ports de Plaisance Provence-Alpes-Côte d’Azur et Monaco (UPACA) a conçu deux films pédagogiques, sur l’aire de carénage et le point propre, accessibles sur l’écran d’accueil des capitaineries, par QR Codes sur des affiches et sur la signalétique Ports Propres. On y voit le traitement de l’eau après nettoyage des coques de bateaux ainsi que l’organisation des points propres, appelés aussi mini déchetterie portuaire, avec tri des déchets spécifiques à l’activité de plaisance. Suivant les points propres, les déchets spécifiques collectés peuvent être :

  • les déchets toxiques solide et liquides,
  • les batteries,
  • les huiles de vidange, filtres à huile et filtres à gasoil,
  • les fusées de détresse,
  • les métaux,
  • les déchets volumineux et « tout-venant » non toxiques,
  • les piles,
  • les papiers et cartons non souillés,
  • les bouteilles plastique,
  • les peintures et solvants
  • les aérosols.

Pensez également à jeter vos ordures ménagères dans un endroit approprié.

Film pédagogique sur l’aire de carénage.

Film pédagogique sur les points propres.

Les conseils de la campagne Ecogestes Méditerranée

Des revêtements de substitution existent pour pallier l’utilisation des biocides, les revêtements anti-adhérents et antibactériens.

Les revêtements anti-adhérents ne contiennent pas de biocides, ni de cuivre, mais sont composés de silicone. Ils créent, sur la surface de la carène, un aspect lisse qui empêche les micro-organismes d’adhérer et facilitent l’auto-nettoyage lorsque le bateau navigue. Ces revêtements améliorent sensiblement la glisse du bateau. Si le bateau ne navigue pas pendant plusieurs mois, un nettoyage à l’éponge est parfois nécessaire. Ces revêtements durent et s’amortissent sur trois ans.

Les revêtements antibactériens ne diffusent pas de biocides. Ils contiennent des substances qui empêchent l’apparition des bactéries sur la coque. Le processus de salissure est rompu, protégeant ainsi la coque. Ces revêtements durent et s’amortissent sur deux ans.

Renseignez-vous auprès de magasins d’accastillage.

De plus, n’oubliez pas que pour toute opération de nettoyage, il faut privilégier les aires de carénage.

 

Article rédigé en partenariat avec le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) des Iles de Lérins.