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Bien mouiller son ancre

Comment bien réussir le mouillage de votre bateau ?

 

Après quelques heures de navigation, vous procédez au mouillage du bateau ! Parcourez cet article pour jeter l’ancre de votre embarcation en toute sécurité et dans le respect de l’environnement : techniques, conseils pratiques, rappel de la réglementation… Ce guide complet vous donne les bons réflexes que soyez en pleine mer ou à l’abri du port.

 

Les fondamentaux du mouillage

Qu’est-ce que le mouillage d’un bateau ?

Mouiller un bateau signifie qu’on l’immobilise en une position stationnaire au moyen :

  • d’une ancre et une chaîne,
  • d’une ancre, une chaîne et un bout de mouillage,
  • d’un cordage et une bouée de mouillage ou un corps mort.

 

Bien maîtriser cette manœuvre maritime, c’est contribuer à une meilleure sécurité en mer par la réduction du risque d’accident et à la préservation de l’écosystème marin. Plusieurs facteurs sont à considérer pour la réaliser avec succès :

  • la météo,
  • le fond marin du lieu, ses courants et ses marées,
  • des connaissances techniques.

 

Les différents variantes de mouillage

Voici plusieurs techniques de mouillage du bateau pour vous adapter à toute situation :

  • Le mouillage simple : elle nécessite une seule ancre. Placée à l’avant du bateau, on recule pour dérouler progressivement la chaîne et la corde qui y est reliée. Ce dévidage de la ligne de mouillage facilite un ancrage en toute sécurité.
  • L’affourchage : le navire mouille entre deux ancres formant un angle de 90° degrés. Affourcher reste la meilleure solution pour réduire le cercle d’évitage du bateau, soit son mouvement autour de son point d’ancrage. Utile dans un espace restreint, il réduit les risques de collision avec d’autres bateaux.
  • L’empennelage : deux ancres sont situées sur une même ligne de mouillage. Face à des vents forts et une mer agitée, ce type de mouillage augmente la résistance de votre point d’ancrage.
  • L’embossage : il consiste à placer sur un même axe une ancre principale à l’avant et une autre à l’arrière du bateau. Cette technique supprime l’évitage du bateau. On la privilégie plutôt en cas de beau temps car peu fiable en cas de vent fort ou de conditions météo soutenues.
  • Mouiller à un coffre : on s’amarre à une bouée. Cette technique évite la dégradation du fond marin et vous sécurise parfaitement grâce à un solide point d’ancrage. Payante, cette solution est largement utilisée en pleine saison.
  • Le mouillage en barbe : il est rare de le voir mettre en pratique. Il exploite deux ancres à l’avant du bateau non posées sur un même axe.

 

Équipements nécessaires pour mouiller

Quelque soit les variantes, pour mouiller son bateau sans souci, assurez-vous que votre équipement soit à la hauteur de la tâche. Voici la checklist des accessoires incontournables pour la manœuvre.

  • Deux ancres à bord adaptées au poids de votre navire et aux types de fond choisis pour répondre à tous les besoins.
  • Une ligne de mouillage de bonne longueur : chaîne simple ou associée à une corde, ou cordage lesté.
  • Des dispositifs pour faciliter l’ancrage ou l’amarrage de votre navire :
    • Le guindeau : un treuil qui aide à abaisser ou remonter l’ancre à la surface. Manuel ou motorisé, il se compose d’une roue crantée (ou barbotin) qui accueille votre chaîne au moment de mouiller le bateau.
    • Le davier : une poulie ou une roulette qui facilite la remontée de l’ancre sans qu’elle ne touche votre coque. Elle réduit l’usure de votre ligne de mouillage.
    • Le taquet : installés sur le pont du navire, ils servent à fixer et à sécuriser les cordages pour amarrer à quai contre des bouées.
  • Des accessoires pour se protéger lors de la manipulation de l’ancre et de la ligne.

 

Techniques de mouillage pour bateaux

Comment choisir le bon spot de mouillage ?

Avant de lancer votre ancre à la mer, prenez le temps de réfléchir à la zone de mouillage la plus sécuritaire pour votre bateau et les autres usagers.
Voici notre fiche de route pour la sélectionner :

  • Identifier la nature des fonds marins : on privilégie les fonds sableux ou vaseux plutôt que les rocailleux ou coralliens. Ils offrent une meilleure accroche à l’ancre et cela évite d’abîmer l’équipement comme la flore marine.
  • Se renseigner sur les horaires des marées et leur incidence : pour éviter l’échouage, le capitaine connaît la hauteur minimale et maximale de l’eau durant la durée du mouillage du bateau.
  • Garder l’œil sur la météo et votre environnement : l’endroit choisi pour mouiller son ancre facilite l’accès à la terre ferme. De plus, on s’assure de ne gêner aucun autre usager dans sa navigation. C’est un plus s’il offre un refuge abrité des vents et des courants.

 

Étapes et manœuvres de mouillage

Voici nos conseils pour mouiller votre ancre en toute sécurité après avoir déniché l’endroit idéal :

1 Se placer face au vent et au point de mouillage : observer les autres bateaux vous livre une bonne indication sur l’orientation à donner à votre embarcation.

2 Identifier le fond marin si possible, choisir le bon type de mouillage à effectuer et sélectionner le bon matériel à utiliser.

3 Se parer à mouiller : un équipier sort l’ancre de la baille à mouillage et l’installe dans le davier. Il la laisse pendre à l’étrave, à l’avant du bateau, sans la laisser traîner dans l’eau.

4 Sortir la longueur de ligne adéquate : pour l’établir, on procède à un calcul qui repose sur…

  • la profondeur connue de la zone (P),
  • le marnage (M) soit la différence de hauteur d’eau entre marée haute et basse,
  • la hauteur de l’étrave (H) soit la distance entre le pont et la surface de l’eau,
  • les conditions et la durée de mouillage du bateau. Le voici : (P + M + H) x ratio lié au contexte de mouillage. Cette opération nous donne la hauteur d’eau réelle sous le bateau. Dans le cas d’une pause dans une crique abritée, on estime le ratio à 3.

Notre astuce : marquer votre mouillage à la bombe fluo ou avec un autre signe distinctif. Adaptez la distance de marquage selon votre bateau.

5 Laisser l’ancre pour toucher le fond : le barreur agit avec précaution, le mouvement du bateau doit être assez franc pour ne pas reculer et assez dosé pour ne pas dépasser l’ancre. L’équipier l’avertit quand l’ancre touche le fond.

6 Laisser filer : une fois l’ancre déposée, le barreur a 2 options. Selon le vent, il laisse le bateau reculer de lui-même ou il met la marche arrière. Le but est que la ligne de mouillage se déroule à plat au fil de ce mouvement jusqu’à ce que l’ancre soit bien accrochée.

7 Faire tête : l’équipier s’assure du blocage du mouillage du bateau. Grâce à la force exercée par le mouvement du bateau, l’ancre doit s’enfouir et s’accrocher dans le fond.

8 Attendre que le bateau soit stabilisé face au vent : on analyse quelques minutes son mouvement pour s’assurer que l’objectif est atteint.

 

Gérer les conditions difficiles de votre amarrage

L’étape de sélection de votre zone de mouillage est d’autant plus importante face à des conditions maritimes difficiles. Voici nos conseils pour plus de sécurité :

  • Anticiper les déconvenues grâce au calendrier des marées et la météo marine présents sur votre espace assuré et votre application mobile APRIL Marine.
  • Augmenter la longueur de la ligne de mouillage à déployer.
  • Activer un dispositif GPS pour être informé de la dérive du bateau mais aussi, demander à tout l’équipage de le vérifier par l’analyse visuelle de leur environnement et des points fixes du paysage..

 

Réglementation du mouillage bateau

Comprendre la réglementation du mouillage

Plusieurs options s’offrent à vous pour mouiller votre bateau en toute légalité. 1re possibilité : vous enregistrer à un mouillage fixe au port de plaisance. Son gestionnaire vous informera de son règlement.

Autre solution autorisée et moins coûteuse qu’une place au port : les zones de mouillage et d’équipements légers (ZMEL). On en compte désormais 300 sur le territoire français*. Leur principe est simple : fournir des bouées d’amarrage sur le littoral pour accueillir vos bateaux. On parle de mouillage forain collectif et organisé.

Cette alternative préserve davantage l’environnement qu’un mouillage individuel, et assure la sécurité de tous. La réglementation du mouillage du bateau n’interdit pas le « sauvage », mais peut le condamner s’il n’est pas autorisé et porte atteinte à l’écosystème marin.

 

Droits et responsabilités des navires au mouillage

Dans les zones de mouillage réglementées, une attestation d’assurance valide vous sera réclamée. Vous serez soumis également à un règlement autour de votre balisage, de la sécurité des personnes et des biens, de la préservation de l’environnement…

Quelle que soit la zone hors port où vous mouillez, vous devez donc disposer d’une autorisation. Si le mouillage sauvage est toléré dans des zones, il peut être formellement interdit dans d’autres du fait des possibles dégâts occasionnés sur un milieu marin protégé. On vous conseille donc de faire une demande d’occupation temporaire et de vous renseigner sur votre lieu de mouillage.

 

Conseils pratiques et sécurité au mouillage

Sélectionner l’ancre et l’équipement approprié

Le type de sol où vous mouillez régulièrement conditionne le choix de votre ancre. Il en existe plusieurs types : plate, soc de charrue, à jas, grappins… Le matériau utilisé a aussi son importance : aluminium, acier inoxydable ou galvanisé. Informez-vous sur leurs avantages et inconvénients.

Un dispositif comme Stop Ancre permet également de renforcer l’accroche de votre ancre et donc son efficacité au moment de faire tête. Il constitue un vrai plus pour faciliter et sécuriser votre mouillage mais aussi, pour prendre plus grand soin de la biodiversité marine.

 

Maintenance et soins de l’équipement de mouillage

L’entretien de votre équipement vous garantit sa durabilité. Après chaque utilisation, on rince soigneusement à l’eau douce son ancre, sa chaîne ou ses cordes pour retirer le sel et tout autre résidu.

 

Techniques pour éviter les erreurs courantes

Pour mouiller en toute sécurité et éviter l’accident bête, voici 5 astuces à garder en tête :

  • Se chausser avant de mouiller ou de relever son mouillage.
  • Porter des gants pour éviter d’exposer ses mains en manipulant la ligne de mouillage.
  • Convenir de signes préalablement choisis entre équipiers pour faciliter la communication durant la manœuvre.
  • Sécuriser le matériel sur le pont après avoir relevé l’ancre.
  • Rester vigilant à chaque étape de la manœuvre. D’ailleurs, se répéter chacune d’entre elles est une bonne idée. On ne se précipite pas et on prend le temps de les décomposer.

Ce que l’on retient de ce guide, c’est qu’il est nécessaire de bien se renseigner avant de procéder au mouillage du bateau. Lors de la navigation comme pour le mouillage on prend garde à ce qui nous entoure, l’environnement, notre équipage comme les autres usagers.

* Source : https://www.mer.gouv.fr/mouillages-de-navires-en-dehors-des-ports